Si la consommation de vin devrait doubler en Asie d’ici à 2011, c’est en grande partie grâce à la Chine, premier consommateur de la
région mais également important producteur, comme l’illustre le salon Vinexpo Asie où les viticulteurs chinois sont fortement présents.
“Les vrais vins du Nouveau monde, ce sont les vins de Chine ou d’Inde”, affirme Robert Beynat, le commissaire général de Vinexpo Asia
qui réunit depuis mardi à Hong Kong quelque 700 exposants de 32 pays, dont 16 chinois. “Avec des vins dont la qualité s’améliore et dans un contexte de croissance économique soutenue, le rythme
annuel de la croissance de la consommation va passer en Chine de 7% (entre 2002 et 2006) à 13% entre 2006 et 2011″, ajoute M. Beynat, citant des prévisions de Vinexpo incluant Hong Kong dans la
Chine.
La Chine, entrée dès 2005 dans le top 10 mondial des pays consommateurs, boit certes de plus en plus de vins étrangers (importations en
hausse de 35% par an), mais consomme à 95% du vin chinois. Et si le phénomène est peu connu, il est ancien. La Chine possède en effet des vignobles depuis plus de 2000 ans, le vin ayant même été
produit à grande échelle sous la dynastie Han (200 avant JC). “Depuis 25 ans, afin de préserver l’équilibre en céréales destinées à l’alimentation, le gouvernement chinois a encouragé le
développement du vignoble et de la production de vin chinois”, indique une étude récente de la mission économique de l’ambassade de France en Chine.
Pour profiter de ce marché en effervescence, touché par ailleurs comme toute l’industrie du luxe par le fléau de la contrefaçon, des
joint-ventures franco-chinoises se sont créées, les Français ayant ensuite parfois revendu leurs parts à leur partenaire chinois une fois la marque implantée. Ainsi les marques Dragon Seal
(Pernod Ricard), Dynasty (Remy Martin) ou Changyu (Castel) sont-elles devenues des références en Chine. “L’avenir du marché chinois est très prometteur avec la hausse du niveau de vie de la
classe moyenne”, assure Wan Ya Nan, l’un des responsables de Dynasty, qui vient de multiplier par deux ses capacités de production à Tianjin (nord), à 150 km à l’est de Pékin .
Avec un chiffre d’affaires prévu de 5 milliards de yuan en 2008 (458 M EUR), Changyu, de son côté, misant sur des vins haut de gamme
(vendus à l’étranger jusqu’à 500 yuans, soit 45 euros), “veut se concentrer à court terme sur l’exportation”, explique Michael Lau, chargé de l’export. La Chine “est un marché qui n’est pas
encore mur et qu’il faut commencer à pénétrer pour pouvoir en bénéficier d’ici à quelques années”, assure Christophe Chateau, directeur de l’Union des Côtes de Bordeaux, qui regroupe sous cette
appellation désormais unique 1.800 producteurs des Côtes de Bourg, Blaye ou autres Castillon. “Nous avons commencé des campagnes de promotion, notamment avec le groupe Carrefour. Nous poursuivons
en nous faisant connaître auprès de grands chefs à Hong Kong, Macao, et bientôt Pékin et Shanghaï”, aidés en cela par la CCI de Bordeaux, ajoute M. Chateau.
Pour Christophe Geoffroy, directeur de l’hôtel Sofitel à Dongguan (sud), “il y a une vraie évolution de la consommation de vin en Chine,
surtout dans la restauration haut de gamme. Si les clients se fient encore parfois exclusivement au prix ou au nom, beaucoup de Chinois s’intéressent à l’oenologie et réclament donc des gammes de
vin et de prix élargies”. “Pour les Chinois, la consommation de vin constitue un ascenseur social”, confirme M. Chateau, qui rappelle que la Chine “est également un concurrent, en produisant des
vins de qualité”. D’ailleurs, le comité d’organisation des jeux Olympiques de Pékin a choisi comme fournisseur exclusif le vin chinois Great Wall, filiale du puissant groupe public Cofco.